Il faut cultiver notre jardin
Walipini signifie « lieu de chaleur » en langue aymara (originaire de Bolivie et du Pérou). Plus concrètement, il fait référence à une serre souterraine. Son revêtement transparent en plastique permet d’absorber la chaleur du soleil et de la conserver dans un potager enterré, bénéficiant également de l’énergie thermique de la terre. Protégée de la pluie, du vent et du froid, cette serre permet de cultiver des fruits et légumes tout au long de l’année.
Après les fermes verticales ou les fermes à énergie solaire, les walipinas pourraient bien être un nouveau remède, ou en tout cas un très grand bond en avant, pour l’alimentation dans le monde et pour l’environnement. Cette technique rudimentaire tire ses origines de peuples d’Amérique centrale et du sud qui l’utilisent pour faire pousser leurs aliments sous serre, car le climat y est très difficile.
La communauté Comanche, vers La Paz, vit à 4000 mètres d’altitude sur l’Altiplano bolivien. Cette région connaît des périodes de grandes pluies entre décembre et février, mais également des vents ou encore du gel qui empêchent une culture productive de fruits et légumes tout au long de l’année. Dans leurs walipinas, ce peuple récolte des pommes de terre, du quinoa et du canihua une fois par an. Assez pour leur consommation personnelle et le fourrage de leurs animaux.
La méthode s’est transmise et plusieurs régions du monde ont adopté le walipini. L’Institut Benson (programme de sécurité alimentaire dans le monde de l’église mormone) aurait construit une serre souterraine de 22 mètres sur 6 en Bolivie pour seulement 280 euros. Le principe est simple et les matériaux restent assez faciles à trouver. Il suffit de creuser un trou rectangulaire d’une profondeur d’environ 2 mètres que l’on recouvre de bâches en plastique. Ce toit permet de créer un espace aérien isolant et de laisser entrer les rayons du soleil. L’intérieur se transforme alors en un environnement chaud et stable pour la croissance des plantes.
Aux Pays-Bas, un groupe d’agriculteurs bénévoles, appelé Creative Garden Wageningen, a bâti son walipini où les citrons, les fraises, les poivrons, les haricots, les oignons et même les citrouilles poussent tout au long de l’année. En Mongolie aussi, Geres (association pour l’amélioration des conditions de vie et préservation de l’environnement) travaille dans la fabrication de ces potagers sous terre. À cause de conditions arides, du froid et du vent, la saison des cultures ne dure pas plus de 4 mois. Les températures hivernales varient entre 0 et ‑30°C. Les serres solaires passives permettent d’étendre la période agricole à plus ou moins 8 mois. En 2011, 72 familles ont construit un walipini et l’année suivante, 359 familles l’ont utilisé pour leur consommation personnelle et pour la vente sur des marchés locaux.
La culture, un Paris d’enfants